Aller au contenu

Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/276

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vous me laissez le choix, monsieur…

— Mais c’est un souvenir de famille ; le château que cette peinture reproduit avec tant de fidélité est celui de ma sœur.

— J’affectionne singulièrement cette peinture, monsieur.

— J’ai couru dans ce parc, j’ai joué sous ces arbres, autour de ces bassins.

— Il est d’une excellente couleur, et je serais désolée de ne plus le voir, répondit Ambroisine.

— Votre envie, s’écria Vaudreuse, n’est que de l’ironie, de l’injustice ! vous le retenez pour me faire de la peine. Eh bien ! je me vengerai de la même manière. Vous avez oublié de réclamer ce pastel, ce Greuze qui est tout votre portrait ; eh bien ! vous ne l’aurez pas ; non ! vous ne l’aurez pas, quoique ce soit votre portrait.

— Faut-il l’emporter, madame ? demanda la femme de chambre, montrant assez par sa question qu’elle ne regardait pas le moins du monde comme un droit sérieux celui de Vaudreuse.

— Laissez cela, Julie, et arrangez-moi mon manteau.

Ambroisine se levait pour partir, quand on entendit gratter derrière la porte de la chambre à coucher.