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Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/291

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heureuse à voir, belle sous le soleil. Après la prière et l’amour, rien n’est digne de l’homme comme les soins qu’il se donne ; si le corps est le vase de l’âme, il faut que ce vase soit d’albâtre et que des nuages de parfum l’embaument.

Vaudreuse était un fidèle de cette religion limpide et salutaire, qui ne reconnaît pas pour siens les hommes dont la propreté se borne à se laver les mains et à s’imbiber d’eau de Cologne.

Il commença par mettre des bottines neuves ; il essaya du moins, car son pied ne fut pas à demi chaussé qu’il sentit l’absence de celle sur qui il avait l’habitude de s’appuyer en se livrant à cet exercice. Faute de ce soutien, Vaudreuse chancela, devint rouge, pesta, heurta le mur du bout de la bottine, et ne parvint enfin qu’avec douleur et rage à se chausser. Ce contre-temps l’aigrit au delà de toute expression. Un autre l’attendait. Vint le tour de la chemise, labyrinthe de plis où ne s’installe pas qui veut ; car si les gens grossiers se passent la chemise, il n’y a que les gens distingués qui savent la mettre. La première fut froissée, — jetée au sale ; la seconde déchirée aux entournures, — jetée au sale ; enfin la troisième sembla un peu mieux s’ajuster ; mais quelles irritations nerveuses pour la boutonner sans tourmenter le tissu.

— Oh ! Ambroisine ! Ambroisine ! s’écria-t-il en frap-