Aller au contenu

Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’ai le mien dans Fabry ; m’a dernière et suprême crainte est qu’on ne nous mette un jour dans la même tombe et qu’on ne grave dessus : « Unis dans la vie, ils le sont dans la mort. » Et les honnêtes passants s’attendriront ! Mon ami m’a gagné, le mois dernier, au jeu, douze mille francs, et cette nuit, dix mille : total, vingt-deux mille francs d’amitié ; mon Pylade est ruineux.

Au milieu de ses réflexions, Georges de Blancastel fut éveillé par la voix du valet de chambre annonçant :

— M. de Chabert et M. Duportail.

Les trois amis s’embrassèrent, heureux tous les trois de passer quelques bonnes heures ensemble, après avoir été séparés plus d’un mois.

— Enfin ! dit le colonel Chabert de sa voix de grande revue, qu’il eût difficilement adoucie au ton de la conversation parlée ; enfin, te voilà de retour de ta fameuse chasse !

— Oui, mes amis, et, pour preuve, vous mangerez à déjeuner des chevreuils et des sangliers que j’ai tués à votre intention.

— Très-bien ! j’en rends grâce au grand saint Hubert ; mais avant de nous mettre à table, nous te prions de nous dire, Duportail et moi, puisque nous sommes seuls, si tu