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Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/69

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apparaissait vainqueur, calme et inaccessible. C’est surtout en intrigues d’amour qu’il jouait ce jeu de ruse naturelle, qui lui réussissait presque toujours, mais qu’il secondait, il faut aussi le dire, par des qualités personnelles d’une excessive valeur. Son élégance de formes devait une souplesse remarquable à son passé d’officier de cavalerie : il y avait en lui, si la comparaison est permise, d’une cravache anglaise, dont la pomme d’or fin et ciselé couronne une élasticité agressive qui ne déplaît pas, surtout aux femmes, toujours charmées et dominées par l’impertinente souveraineté d’un despotisme brillant.

Fabry aimait Valentine, il va être à peine besoin de le dire ; l’aimait-il comme tout le monde aime ? Question destinée, je le crois, j’en ai peur, à rester suspendue jusqu’à la fin de cette histoire du grand monde. Mais notre tâche est tout simplement de la raconter.

Dès que les domestiques eurent enlevé la table, Valentine appela Gabriel.

— Gabriel, j’ai à vous parler.

Dans les moustaches du zouave coururent effarées ces paroles :

— Nous y voici !

— Eh bien, cette nuit ?…