Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/78

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seulement pas. La sueur coulait de son front ; ses yeux étincelaient d’une contrariété mal contenue. Il essaya de tourner l’obstacle qu’il ne pouvait renverser.

— Gabriel, je t’approuve.

— Je le savais bien, mon capitaine.

— Je te remercie de ton obstination.

— Il n’y a pas de quoi.

— Mais voyons, Gabriel, écoute. Si j’étais condamné à mort, même justement, tu n’hésiterais pas à me faire évader, si la chose était en ton pouvoir. Il s’agit ici pour moi d’un coup de vie ou de mort. Je dois ces dix mille francs à un homme… à un homme à qui je ne veux rien devoir. Sauve-moi de ce supplice !

Le zouave passa sa main sur ses moustaches, son signe aussi à lui de contrariété intérieure, et qui répondait à la patte du chat glissée derrière l’oreille quand il y a de l’électricité dans l’air et de l’orage dans l’atmosphère.

— Ah ! mon capitaine ! dit-il ensuite.

Et il ne dit que cela ; mais quelle expression il mit dans ces simples paroles !

— Gabriel, épargne-moi cette honte, et, je le jure, je