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Page:Gozlan - Les vendanges, 1853.djvu/272

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UN MOINE MÉCONNU.

Scènes du seizième siècle en Allemagne.


I

Deux cents mules noires, superbement harnachées, parées de selles en velours de la même couleur ; deux cents autres mules en caparaçon de satin, traînantes dalmatiques semées de croix et de chiffres de famille couvrant le poitrail et descendant jusqu’au sabot, précèdent avec dignité la marche et passent. Des abbés à longues moustaches les montent ; leurs bottines noires, garnies de dentelles à l’évasement, sont armées d’éperons. Aux cavalcades d’abbés succèdent les cavalcades de moines, fermes sur leurs étriers, allant deux par deux et causant, quatre par quatre et discutant, huit par huit et psalmodiant.

À l’angle des routes, moines et abbés qui surviennent se confondent, prennent rang et s’alignent ; ils accourent par centaines ; la voie disparaît sous les chevaux, les chevaux sous les cavaliers ; s’ils s’arrêtent, c’est une ta-