Page:Gozlan - Les vendanges, 1853.djvu/31

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velours noir de ses pattes. Katty était prête à recommencer le jeu.

— N’avez-vous pas cru voir, milady, l’emblème exécrable du croup dans cet animal étranglant Katty ? Je regrette de ne l’avoir pas étendu roide mort sur le gazon.

— Vous voyez pourtant, milord, qu’elle n’a rien à craindre, et que le ciel la protège.

— Il faut qu’il en soit ainsi, Hanna ; reste à savoir s’il entre dans les décrets célestes que l’existence de Katty soit toujours pareillement protégée.

— N’en doutez pas, lord Brady ; c’est forte de cette pensée que je me rendais auprès de vous pour solliciter votre consentement à une résolution que j’ai prise.

— Laquelle, milady ? — car j’en ai arrêté une aussi de mon côté. Nous serions-nous rencontrés dans le même projet ; mais apprenez-moi le vôtre.

— Notre sainte religion, et vous en êtes le fidèle partisan, milord, veut qu’on croie au mérite des sacrifices. Il est des engagements qui sauvent, qui sont peut-être inscrits au livre du ciel où montent nos soupirs, puisque nos joies en descendent. Au fond des mines, sur les mers, pendant l’incendie, au moment de tout danger imminent, l’homme se tourne vers Dieu, l’échelle invisible du mineur, le mât d’airain dans la tempête, et il lui promet, non de l’or, mais une partie du temps et de la liberté dont il jouira le reste de sa vie, s’il est sauvé par lui.

— Après, milady ; — croyez-vous qu’un pèlerinage en terre sainte nous assurerait les jours de Katty ?

— Je n’ai pas songé, milord, à ce sacrifice ; mon inspiration est plus simple.