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On dépouilla l’enfant de son bonnet de velours écarlate brodé d’or ; et ses beaux cheveux coulèrent sur ses épaules. Elle sourit à se voir ainsi.

Du visage de sa mère, une pâleur mortelle passa sur celui de son père. On eût dit un éclair dans un miroir : double lueur.

On enleva à Katty l’écharpe à fleurs jaunes qui couvrait ses épaules ; et ses petites épaules nues parurent.

Sa mère les couvrit de baisers.

Lord Brady prit un flambeau de la main d’un de ses domestiques et regarda fixement à l’écusson de la poignée les armes de sa famille. Ceci lui donna du courage.

Katty était étonnée des objets que contenait la corbeille ; elle avait compté sur mieux que le bonnet de satin blanc et la tunique blanche qu’on en tira et dont elle fut parée. Quand elle eut complètement changé pièce à pièce un vêtement de couleur pour un vêtement blanc, elle ressembla à une pervenche poudrée par la neige, ou plutôt à un beau camélia.

Le prêtre demanda ensuite au père et à la mère s’ils prenaient devant Dieu l’engagement de conserver à leur fille, sous peine de la damnation de leur âme, jusqu’à l’âge de quinze ans, le costume blanc dont elle venait d’être revêtue.

Ils répondirent oui tous les deux.

Alors le prêtre bénit l’enfant qui désormais n’appartenait plus au monde.

Et comme Katty voulut aussitôt courir vers sa mère pour l’embrasser, le prêtre l’en empêcha doucement et l’emmena avec lui jusqu’aux pieds de l’autel de la Vierge.