Page:Gozlan - Les vendanges, 1853.djvu/48

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gnation, avec ses mains rosées ouvertes sur la couverture, son regard un peu fiévreux d’éclat, sa bouche de corail, sa tête calmé, moulée au milieu de l’oreiller.

Debout près d’elle, le chapelain paraissait, à la profonde consternation de son visage, avoir quatre-vingts ans. La méditation le rongeait. Courageuse et se possédant bien, sa science était en pourparlers violents avec la mort. Dirigés de toute leur puissance vers la porte du cabinet que je lui voyais fermer tous les soirs, ses regards n’auraient pas été détournés de ce but par le passage de la foudre.

Il ne me vit pas entrer.

Katty me salua du bout des paupières comme une reine mourante, — qui s’éteint avec dignité.

Caprice bizarre ! tous ses joujoux, des blocs de joujoux étaient étalés sur des tables au milieu de l’appartement.

Quand elle se fut assurée que ses petites compagnes étaient toutes venues, elle se souleva un peu et leur dit :

— Dans le ciel on n’a pas besoin de joujoux : je vous donne, Édith, tous mes cerceaux. Jouissez-en plus longtemps que moi.

Les petits légataires se regardaient sans mot dire ; ils ne comprenaient pas encore la cause de cette générosité.

— John, vous accepterez mon album : plusieurs fois vous l’avez désiré sans l’obtenir. Il est maintenant à vous.

— Pourquoi cela ? demanda vivement John. Je ne reçois qu’en donnant, Katty. Votre album contre sir Jack, mon singe noir.

— Mon cher John, ne vous fâchez point tant. Quand ma sœur aînée, Nelly, mourut à huit ans de la maladie qu’eut deux ans après ma sœur Glorvina, elle nous laissa à Glor-