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Page:Gozlan - Les vendanges, 1853.djvu/51

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rent, m’épouvantèrent ; je m’échappai, je descendis, je courus au grand air.

À la porte, j’entendis un cri. — Je l’entends encore.


V

Quelque temps après cette scène, je me présentai à la porte de l’hôtel Brady que je trouvai fermée. L’herbe avait poussé sous la porte des écuries. L’hôtel ayant été loué pour cinq ans, le révérend Anderson en avait emporté les clefs avec lui. Je connaissais les réunions où se rendaient le dimanche les employés de la maison ; j’y allai, dans l’espoir de découvrir, d’information en information, la trace de quelque domestique qui, à son tour, m’aurait appris le dénoûment du drame de famille que je n’avais pas eu le courage d’attendre. Ma course fut inutile ; aucun compatriote de ces domestiques ne les avait vus depuis une date antérieure à la maladie de la petite lady. J’en conclus qu’ils étaient tous partis pour l’Angleterre. Anderson, fidèle à son serment, avait parfaitement pris ses mesures en exilant les derniers témoins de l’événement fatal. Il était même probable qu’ils avaient quitté l’hôtel avant d’en avoir connaissance. Les voisins m’en apprendraient sans doute davantage : Tel jour, telle heure, avez-vous remarqué, demandai-je à une fruitière logée à deux pas de l’hôtel Brady, un beau convoi traîné par des chevaux caparaçonnés d’argent, plumes blanches en tête ?

— Il en passe tant, mon bon monsieur, de morts riches