Page:Gozlan - Les vendanges, 1853.djvu/62

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souris valent un protêt. Va, Fournisseaux ! et ne t’amuse pas à balayer, libertin ! et à ramasser les bouts de ficelle. C’est encore dimanche ; il ne sera lundi que dans une heure ; dors comme un Turc jusqu’à demain.

Reprenant le propos comme s’il n’avait pas été interrompu, le droguiste dit à son gendre et à sa fille de lui faire part des projets qu’ils avaient sur lui, pour le bonheur du reste de ses jours.

— Vous aviez toujours désiré avoir une maison de campagne où vous retirer.

— Oui, ma fille, et je t’en parlais encore l’autre jour ; une campagne, loin du bruit, loin de Paris ; bien loin de la rue des Lombards.

— Nous vous en avons acheté une à Montereau, dans un canton presque montagneux. On appelle l’endroit les Petits-Déserts.

— Je te reconnais bien là, chère Lucette. Tu as fini par comprendre mes goûts. Mon cher Fleuriot, vous avez une femme qui vaut son pesant d’essence de rose. L’essence de rose est cotée haut sur les derniers prix courants ! C’est bien trouvé, les Petits-Déserts ! Qu’on vienne me relancer là-bas : monsieur Richomme, j’ai une partie d’huile de colza ! monsieur Richomme, j’ai de la manne, superbe choix ! monsieur Richomme, j’ai du campêche ! monsieur Richomme, j’ai de l’adragant ! Plus de M. Richomme ! Il est aux Petits-Déserts. Comme ils seront attrapés, quand ils me sauront dans ma grotte, tranquille comme un capucin.

— Cependant, mon cher monsieur Richomme, vous ne serez pas privé de l’agrément de la société. J’ai pris quel-