Page:Gozlan - Les vendanges, 1853.djvu/63

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ques informations auprès d’un notaire de Montereau. Le curé des Petits-Déserts est un homme charmant.

— Tant mieux ! j’aime les vieux curés ; ils sont tolérants ceux-là. Tu te souviens, Lucette, du beau mélodrame de la Cure et l’Archevêché, à la Porte-Saint-Martin ? Voilà un honnête curé. Pleurais-tu ! pleurais-tu !

— Le curé des Petits-Déserts a vingt-cinq ans ;

— Rien que vingt-cinq ans ! Je l’aurais désiré moins jeune ; enfin !

— Il y a aussi un percepteur aux Petits-Déserts.

— Et que perçoit-il, là-bas ?

— Ses appointements.

— Mon gendre, c’est plus fort que toi, tu fais toujours de l’opposition. Tu ne seras pas nommé député, Fleuriot. Prends garde ! Nous disons un curé et un percepteur, voilà un joli commencement ; et puis encore ?

— Quelques familles anglaises dont les chefs ont établi des manufactures de poteries aux environs.

— Quelle simple et charmante réunion ! Voilà le bonheur ; le véritable bonheur. Et j’y aspire depuis plus de vingt ans ! Je renvoyais toujours ; enfin, l’échéance est venue. Total : un homme arrivé, un homme heureux. Fleuriot, tu as donc vu la propriété ?

— Je l’ai visitée trois fois avant de rien conclure.

— Puisque tu la connais si bien, dis-moi, Fleuriot, y a-t-il des arbres, mais de vrais arbres, comme sur le boulevard Bonne-Nouvelle ?

— Elle renferme un petit bois clos de murs.

— Tu dis un petit bois, avec des lapins et des sangliers.