Aller au contenu

Page:Gozlan - Les vendanges, 1853.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais c’est le dernier dont vous serez affligé après avoir rompu avec les agitations du monde. Et, au fond, je m’en veux moins de vous causer cet ennui, quand je me dis que je suis devenu votre fils en épousant votre Lucette chérie. Vous avez honorablement enrichi votre famille ; pourquoi ne pas chercher à l’illustrer en lui donnant un relief politique ?

— Illustre, mon cher Fleuriot, illustre ; c’est ton idée. Je ne m’y oppose pas. Sois aussi heureux que moi dans ta partie ; c’est mon souhait parfaitement sincère. Oui ! je t’en prie, dispose de moi, de mon crédit auprès des électeurs de l’arrondissement. Je les ai tous dans la manche. Les riches sont mes égaux ; les petits détaillants sont mes obligés, et mes très-obligés ; car je leur ai sauvé plus d’une banqueroute aux mauvais jours de l’empire et des émeutes de 1831 et de 1832. Tu auras une lettre de moi pour chacun d’eux : par exemple, tu seras obligé d’aller de boutique en boutique, d’étage en étage, de porte en porte, chapeau à la main, recueillir les suffrages. Il faut parer la marchandise, mon gendre. Que les beaux grains de café soient au-dessus du tonneau ; sinon, c’est le voisin qui vend et chez qui l’on va. Présente-leur ta politique dans le meilleur jour et près de la croisée.

— Je ferai mieux.

— Il n’y a pas mieux, mon gendre.

— Je ne sais, monsieur Richomme, si je vous ai dit dans le temps que j’avais le projet de publier une brochure dont je soignerai les idées et le style, et où je persuaderai aux électeurs de notre arrondissement qu’il est dangereux pour eux de choisir un député qui n’en soit pas. Je suis de