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Page:Gozlan - Les vendanges, 1853.djvu/80

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toujours, derrière lui, les tours Notre-Dame, la rue Saint-Merri et l’enseigne du Balai d’or, triple souvenir doux à évoquer à distance, au milieu des foins et au bruit du feuillage des grands marronniers.

Lucette et Fleuriot étaient restés seuls auprès du feu depuis que M. Richomme et Fournisseaux avaient, à une heure bien indue pour l’un et pour l’autre, regagné le lit où le sommeil ne les faisait jamais attendre.

— Ne penses-tu pas, dit Fleuriot à Lucette, que cet appartement est fort ridicule auprès de celui de ton amie de pension, madame Desrobert ? Qu’il y a du goût dans l’arrangement de ses tentures et dans le choix de ses meubles ! On peut recevoir, quand on est ainsi logé ! et si l’on ne reçoit pas, quelle figure fait-on dans le monde ? de qui est-on connu ? comment se faire apprécier ? On est toujours gêné chez les autres. Peut-on même aller chez les autres, si l’on n’est pas en position de rendre les politesses qu’on vous fait ?

— Il est bien difficile, répondit Lucette, d’établir une maison sur un pied convenable dans le quartier où nous sommes, quelque désir qu’on en ait. C’est à peine si les fiacres veulent s’y rendre. Pas de trottoirs, pas de porte cochère.

— Pas de cour où faire tourner un équipage, ajouta Fleuriot. On ne peut guère se permettre que des soirées comme celle dont ton père a régalé ses amis, ce soir. Quels amusants personnages ! Il est vrai, se reprit Fleuriot, que j’ai aperçu trois électeurs parmi eux, hommes nécessaires ; il faut les ménager. Oui ! mais une fois député !

— Quand tu seras député, Alexandre, nous habiterons