Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/122

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s’étendit, s’affina. Si elle ne savait pas le grec comme Mme de Rochechouart ou Mme de Castries, elle lisait le latin comme Mme de Sévigné, et parlait l’italien et l’espagnol comme Mlle de Scudéry. Le chevalier de Méré, juge souverain du bel air, arbiter elegantiarum, qui s’était fait son maître et qui lui a toute sa vie conservé un souvenir tendre, avait mis à tout cela, il s’en glorifiait du moins, la suprême façon. Mme Scarron aimait en outre à communiquer ce qu’elle savait. Chez Mme de Villette, elle apprenait à lire à sa gouvernante. Au couvent des Ursulines de Niort, elle n’avait pas de plus grand plaisir que de ménager à sa chère mère Céleste la surprise d’une classe conduite en son absence. Exercée par Mme de Villette à rendre compte de tout ce qu’elle faisait, elle excellait à discipliner l’application des autres. Elle était née institutrice. Elle s’attachait aux enfants, et les enfants la recherchaient. « Je les avais toujours, dit-elle, autour de moi. » C’est ainsi qu’elle s’était fait chez Mme de Montchevreuil une place qu’on aimait à lui voir prendre et qu’une fois prise elle gardait.

En même temps la vie intérieure, qui avait été si longtemps pour elle une nécessité au milieu de ses disgrâces, l’avait habituée de bonne heure à se tenir en bride. Saint-Simon remarque « qu’elle n’avait de suite en rien que par contrainte et par force. » Elle est la première à le confesser en maint endroit : elle était « prompte et impatiente. » Son premier mouvement la portait parfois aux extrêmes : qui adopta avec plus d’élan les doctrines de Fénelon et les idées de Mme Guyon ? Mais elle savait se ramener. Sa vie porte d’un bout à l’autre la marque de l’effort et du triomphe