Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/132

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est nommée seconde dame d’atours de la dauphine. La paix rentre alors dans les esprits comme par enchantement. « Dieu a suscité Mme de Maintenon pour me rendre le cœur du roi, » disait la reine. Mais Mme de Maintenon restait du même coup engagée dans son œuvre. « Malgré l’envie que j’avais de me retirer, écrit-elle alors à l’abbé Gobelin, et malgré toute ma haine pour ce pays-ci, j’y suis attachée. C’est Dieu qui a conduit tout cela. »

Les trois années qui suivirent durent certainement compter parmi les meilleures de sa vie, et elles nous la montrent dans des dispositions morales qui font comprendre par avance l’action qu’elle exerça à Saint-Cyr. La fonction qu’elle avait à remplir auprès de la dauphine l’éloignait nécessairement de Mme de Montespan, et c’est ce que Louis XIV avait cherché. On n’habitait plus sous le même toit, on ne se voyait plus que de semaine en semaine, de mois en mois ; on ne pouvait cependant éviter de se trouver en tête-à-tête, dans le carrosse du roi où il fallait bien se faire bon visage, dans les jardins de Versailles où les courtisans n’étaient pas loin et observaient. Un jour, Mme de Montespan emmène Mme de Maintenon à Clagny, et ses amis ne l’y croient pas en sûreté ; mais Mme de Maintenon, qui raconte ces escarmouches avec beaucoup de bonne humeur, n’en est point émue. Femmes d’esprit toutes deux, elles avaient senti, l’une que le terrain lui manquait sous les pieds, l’autre qu’elle n’avait qu’à se laisser porter par le vent de fortune qui la poussait. Louis XIV avait décidément renoncé à ses désordres et paraissait charmé « de ce commerce d’amitié et de conversation sans contrainte et sans chicane que personne ne