Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/134

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Fontainebleau qui suivit la mort de la reine, rapporte-t-elle, je vis tant d’agitation dans l’esprit de Mme de Maintenon, que j’ai jugé depuis, en la rappelant à ma mémoire, qu’elle était causée par une incertitude violente de son état, de ses pensées, de ses craintes et de ses espérances ; en un mot, son cœur n’était pas libre et son esprit était fort agité. Pour cacher ses divers mouvements et pour justifier les larmes que son domestique et moi lui voyions quelquefois répandre, elle se plaignait de vapeurs, et elle allait, disait-elle, chercher à respirer dans la forêt de Fontainebleau avec la seule Mme de Montchevreuil. Elle y allait même quelquefois à des heures indues. Enfin les vapeurs passèrent ; le calme succéda à l’agitation, et ce fut à la fin de ce même voyage. Je me garderai bien de pénétrer un mystère respectable pour moi par tant de raisons ; je nommerai seulement ceux qui vraisemblablement ont été dans le secret ; ce sont M. de Harlay, en ce temps-là archevêque de Paris, M. et Mme de Montchevreuil, Bontemps et une femme de Mme de Maintenon, fille aussi capable que qui que ce soit de garder un secret et dont les sentiments étaient fort au-dessus de son état. »

Ce secret ne sortit jamais d’une certaine obscurité. Mme de Maintenon se prêta « à être une énigme pour le monde » et ne fit aucune tentative pour que son mariage fût déclaré. Suivant les vraisemblances aussi, c’est dans les derniers mois de 1684 qu’il s’accomplit.

V