Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/135

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« La place de Mme de Maintenon est unique, écrivait quelques mois avant l’événement Mme de Sévigné ; — il n’y en a point, il n’y en aura jamais de semblable. » La place est restée en effet unique dans l’histoire. Reine sans le paraître, Mme de Maintenon concentra entre ses mains toute la puissance : le dauphin, les princes de la famille royale la consultaient avec respect ; « des parlements, des provinces, des villes, des régiments s’adressaient à elle dans tout ce qui devait aller au roi ; les grands du royaume, les cardinaux, les évêques, ne connaissaient pas d’autre route. » Elle n’empêchait point ces démarches « tant qu’elles restaient dans le privé. » Mais, en public, elle n’acceptait aucun hommage et s’étudiait à se perdre dans la foule. « Je l’ai vue à Fontainebleau, dit Saint-Simon, en grand habit chez la reine d’Angleterre, s’effaçant absolument et se reculant partout pour les femmes titrées, pour les femmes même d’une qualité distinguée, polie, affable, parlant comme une personne qui ne prétend rien, qui ne montre rien, mais qui imposait beaucoup. » Elle avait refusé « la maison » que le roi avait voulu lui donner. Suivant Languet, qui l’a connue pendant les vingt dernières années de sa vie, « une marchande de Paris était ordinairement plus richement vêtue. » Cette simplicité n’était pas seulement une convenance extérieure : elle y conformait tous ses sentiments. Bien loin de rien oublier de son passé, elle s’y rattachait par toutes les prises qu’il lui offrait. Son premier soin avait été d’attirer le marquis