Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/161

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est-on trompé : il n’y a pas de honte à le reconnaître, et il faut dire franchement : Mes enfants, je vous ai tenu tel langage ; après y avoir bien pensé, je trouve que j’ai eu tort et voici ce qui est vrai.

Mme de Maintenon ne nous dit point quel était, à Saint-Cyr, le mode de récompense. Nous voyons seulement dans ses lettres qu’on y donnait des prix, et qu’elle s’en occupait comme de tout le reste ; nous y voyons aussi qu’une bonne parole venant d’elle était reçue comme le plus grand témoignage de satisfaction. Au contraire, elle s’étend beaucoup sur ce qui touche aux réprimandes et aux corrections. Elle n’aimait ni le fouet ni les punitions violentes, bien qu’elle n’en défendît pas absolument l’usage. C’est la conscience qu’elle visait. Même dans cette forme de répression intelligente, elle redoutait et prévenait les excès. Ses indications à cet égard sont dignes de remarque. Les admonestations ou les punitions, pour être utiles, ne doivent être ni multipliées, ni infligées sur le coup ; il importe d’y bien considérer les circonstances, la disposition du moment, le fond du caractère ; il y a des jours malheureux où la maîtresse n’est pas préparée à punir, car il y faut de la réflexion ; où l’enfant n’est pas préparé à recevoir la punition, car il y faut le sentiment de la faute. Il est indispensable de savoir attendre et compter avec le temps ; et il ne suffit pas d’être juste, il faut être bon. Patience, vigilance, douceur, Mme de Maintenon voudrait faire graver ces trois mots sur les portes de toutes les cellules. Elle croyait notamment à l’efficacité de la bonté. « Vous parlez, dit-elle, à vos enfants avec une sécheresse, un chagrin, une brusquerie qui vous fermera tous les cœurs ; elles ont besoin de savoir que vous les aimez, que