Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/182

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et les entretiens conçus dans la même pensée de direction. L’ensemble constitue le fonds sur lequel Saint-Cyr a vécu pendant un siècle. Pour nous rapprocher des usages et de la langue d’aujourd’hui, c’est ce qu’on pourrait intituler le cours normal de Mme de Maintenon. En voici les principales dispositions.

La première maxime inculquée aux Dames de Saint-Cyr était que « tout doit céder à l’éducation des demoiselles. » Le vœu par lequel elles s’engageaient à cet égard, bien qu’il ne fût prêté que le quatrième, passait en réalité avant tous les autres. C’est par là qu’elles se distinguaient des religieuses ordinaires ; c’était la fin de leur institution. Pour y rester fidèle, il n’était rien à quoi on ne fût excusable de manquer : office, prière ou jeûne ; rien qu’on ne dût y ramener, travail et repos. Les demoiselles étaient dans la maison « ce que sont les pauvres dans les hôpitaux, les séminaristes dans les séminaires, les externes aux Ursulines, les écoliers dans les collèges ; c’est par rapport à elles que devait être déterminée l’occupation du jour et de la nuit. » En entrant à Saint-Cyr, on prenait charge d’âmes ; on en répondait devant Dieu. Les instructions commettaient aux maîtresses le devoir de suivre, de gouverner les demoiselles en tous lieux et dans tous les exercices, à l’église, aux classes, dans les jardins, au réfectoire, au dortoir, où elles couchaient auprès d’elles, aux récréations, où, « tout en se jouant, on pout jeter de si bonnes maximes » ; elles leur recommandaient en outre de ne se rebuter, de ne se dégoûter de rien : de « réchauffer les enfants dans leurs frissons, de les essuyer dans leurs sueurs, de s’enfermer avec elles dans leurs maladies contagieuses. » La règle du sacrifice ne pouvait