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Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/184

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Toutefois cette action personnelle ne pouvait être vraiment bonne qu’autant qu’elle se rattachait et se subordonnait à l’action générale. C’est le second principe de Mme de Maintenon. « L’intelligence et l’uniformité des maîtresses, disait-elle, sont le capital dans le gouvernement d’une maison. » À bien faire isolément, on ne fait rien qui profite. De la première à la dernière il est nécessaire que « toutes les Dames se tiennent dans une grande union, en sorte que les demoiselles se sentent enveloppées dans le même esprit. » Que chacune garde son caractère : c’est par là qu’elle vaut ; mais il n’est permis à personne d’être singulière, de tirer à soi, de ne faire que ce qui lui convient et comme il lui convient. « On doit dire aux demoiselles, à l’infirmerie, au garde-meuble, à la porte et à l’apothicairerie, ce qu’on leur dit dans les classes, et avoir toutes les mêmes règles d’éducation, quoiqu’on y soit employé différemment. » C’est vainement qu’on se retrancherait sur sa bonne volonté et sur ses lumières. Où il y a discordance, le trouble s’introduit. Pour ne pas connaître les causes de ces désordres, les demoiselles n’en subissent pas moins les effets. À la supérieure d’établir l’accord dans la maison, à la maîtresse générale de chaque classe de l’établir dans la classe, aux autres de suivre : l’unité de direction est la force de l’éducation.

C’est dans cette pensée qu’étaient réglés les rapports des élèves avec les maîtresses. Les attachements tendres et durables étaient proscrits à Saint-Cyr. Dès qu’une enfant avait quitté une classe, elle cessait complètement d’appartenir à celle qui la dirigeait. Sur ce point, comme sur tous ceux qui touchent à certaines délicatesses