Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/197

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qui se rapporte à Saint-Cyr, ou qu’il fût possible de détacher de sa vie et d’enfermer dans un cadre à part tout ce qui a trait à l’éducation. Cependant, même en se la figurant ainsi à souhait, ne resterait-il qu’une image absolument aimable ? Chose étrange, on en est parfois à se demander ce qu’elle était pour les enfants. Nous avons sur ce point les témoignages les plus formels et les plus favorables. « Ses discours étaient vifs, simples, naturels, insinuants, persuasifs, disent les Dames de Saint-Cyr ; on ne finirait pas si l’on voulait raconter tout le bien qu’elle fit aux classes dans nos temps heureux. » « Elle a toujours fort aimé les enfants, ajoute Longuet, et les enfants sentaient si fort cette bonté, qu’ils étaient plus libres avec elle qu’avec personne. » Ce qui vaut mieux encore que ces éloges, elle a pour elle l’appui des faits. Retenue à Fontainebleau et trop éloignée de Saint-Cyr pour y continuer ses visites quotidiennes, elle avait créé des écoles à Avon ; elle allait y faire épeler l’alphabet ; ou, quand elle était empêchée par la maladie, elle donnait la leçon dans ses appartements : Saint-Cyr en était presque jaloux. Que l’une de ces enfants habituées à toutes les misères vînt à être prise de maladie, elle n’appelait rien moins que le médecin de la cour : « Voilà M. Fagon qui marche pour Jeannette. » Quelques jours avant sa mort, comme il soufflait un vent très vif, elle pensait aux rouges et disait à Mme de Glapion : « Ces pauvres enfants souffrent bien du froid ; je voudrais en tenir trois ou quatre dans ma niche. » Les traits de cette nature ne sont pas rares dans sa vie ; elle a des dévouements pour lesquels on ne saurait la comparer qu’à une sœur de Charité. Elle serait demeurée, s’il l’eût fallu, dans sa première