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Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/206

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parle de ce gouvernement de raison, il semble bien que le charme supérieur avec lequel elle devait plus tard tenir rassemblés autour d’elle les hôtes de son salon, concourut heureusement à accréditer l’administration de son mari. La mort de M. de Lambert vint tout d’un coup rompre le cours de cette fortune à peine commencée[1]. Veuve à moins de quarante ans, elle se trouvait de nouveau exposée à l’isolement dont elle avait, dès sa jeunesse, fait l’épreuve. « J’avais sacrifié tout mon bien à mon mari, disait-elle ; je perdis tout à sa mort. Je me vis seule, sans appui ; je n’avais d’amis que les siens, et j’ai éprouvé que peu de gens savent être amis des morts. Je trouvai mes ennemis dans ma propre famille ; j’avais à soutenir contre des personnes puissantes un procès qui décidait de ma fortune ; je n’avais pour moi que la justice et mon courage : je l’ai gagné sans crédit et sans bassesse. » C’est à ses enfants qu’elle en consacra d’abord le profit. Mais ici encore les circonstances ne répondirent ni à ses desseins, ni à ses espérances. Elle avait perdu deux filles en bas âge ; des deux enfants qui lui restaient, sa fille, qui avait épousé le comte de Saint-Aulaire, était devenue veuve à son tour après six ans de mariage, et, vingt ans plus tard, elle devait la voir mourir elle-même prématurément. Son fils, à qui elle avait acheté un régiment, avait manqué ses campagnes de début, un peu par le malheur des temps, un peu par insuffisance d’ouverture dans l’esprit et le caractère. Il n’avait pas mieux réussi dans un premier mariage. « C’était, raconte le président Hesnault, un homme particulier et tout

  1. 1686.