Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/354

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ils sont empreints de tant de grâce et de fraîcheur que c’est le charme qui l’emporte.

Sur la plupart des membres de sa famille, la note est plus émue, sans cesser d’être piquante. Marmontel lui-même n’a rien de supérieur aux scènes où elle se représente entre sa bonne maman Brimont, distribuant à la ronde, non sans solennité, de jolies choses à chaque visite qu’elle reçoit, et se rengorgeant avec complaisance toutes les fois que sa petite-fille a trouvé une repartie heureuse, sa grand’tante Besnard, au cœur d’or, mais à l’aspect austère, à la parole rude, à qui ces gentillesses font hausser les épaules, et Mlle Rotisset, une sœur cadette de Mme Besnard, la bonne Angélique, asthmatique et dévote, pure comme un ange, simple comme une enfant, servant et habillant son aînée avec révérence, parlant peu, mais observant, le menton avancé, les lunettes sur le nez, le tricot à la main, l’oreille au guet et disant tranquillement, pour rétablir l’accord, qu’il n’y a ni à se réjouir ni à se fâcher, que la petite est bien assez raisonnable pour n’avoir pas besoin de tant de cérémonie. Où elle est vraiment touchée surtout, c’est lorsqu’elle en vient à son mari et à sa mère. À l’égard de Roland elle professe un respect profond. Elle adorait sa mère : sa première, sa plus grande douleur a été de la perdre ; elle faillit y succomber ; elle fait et refait avec bonheur l’éloge de sa raison, un peu froide, mais haute, de sa tendresse contenue, mais sûre, de son dévouement.

Mais il n’en est pas de même de son père ni de sa fille. De sa fille qu’elle avait aimée avec passion d’ailleurs, nous le verrons, elle se borne à dire « que la nature l’a faite froide et indolente, que jamais son âme stagnante et son esprit sans ressort ne donneront à