Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/44

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de tous les obstacles que lui opposent les fanatismes contraires, devenu en peu de temps le maître des esprits et des cœurs. Pour lui permettre d’achever cette œuvre de pacification, ses amis auraient voulu que le roi lui confiât le siège de Poitiers ou l’agréât comme coadjuteur de l’évêque de la Rochelle. Les deux projets ayant échoué, Fénelon rentra à Paris et reprit auprès des Nouvelles Catholiques les modestes fonctions qu’il devait conserver dix ans.

Avec quelque dévouement qu’il s’y renfermât, il ne laissait pas de s’ouvrir de tous les côtés des vues sur le monde et « de se former à l’usage de la meilleure compagnie » (Saint-Simon). Pour se rapprocher de la congrégation dont il avait la charge, il avait dû quitter la communauté de Saint-Sulpice, et il était allé s’établir chez le marquis de Fénelon, à qui le roi avait accordé un logement dans l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Il y rencontrait ce que l’élite de la société du temps comptait d’esprits graves et distingués. C’est là qu’il connut Bossuet, dont il se concilia tout d’abord l’intérêt par les grâces de son esprit et par l’aimable austérité de sa vie ; là aussi, sans doute, qu’il se trouva rapproché du duc de Beauvillier et du duc de Chevreuse. Bien que le marquis fût plus disposé à rechercher l’édification des entretiens sérieux que l’agrément des conversations mondaines, les femmes n’étaient pas exclues de ce cercle choisi. Les deux sœurs de la duchesse de Beauvillier, les duchesses de Luynes et de Mortemart et Mme de Maintenon étaient assidues aux réunions ; on y voyait souvent aussi la comtesse de Grammont et la maréchale de Noailles. Fénelon ne s’y montrait qu’avec réserve. Il n’avait d’autre revenu qu’un bénéfice de trois à