Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/43

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aujourd’hui du respect des consciences. Mais, pour en juger sainement, il faut se reporter au temps où Mme de Sévigné écrivait (28 octobre 1685) : « Les dragons ont été de très bons missionnaires jusques ici ; les prédicateurs qu’on envoie rendront l’ouvrage parfait. » C’est l’action de ces prédicateurs que Fénelon invoque seule et qu’il appuie de sa propre parole. Une expérience précoce lui avait appris qu’il faut compter avec les intérêts et ménager les passions. Il est d’avis de distribuer à certains chefs des pensions secrètes, et de créer un fonds réglé pour continuer, en faveur des pauvres, les aumônes du consistoire ; il croit qu’on pourrait disperser quelques-uns des plus engagés dans les provinces du cœur du royaume, où l’hérésie n’a pas pénétré, en leur donnant quelque petit emploi qui leur rendît l’éloignement moins pénible. Quant aux rebelles, il ne répugnerait pas à l’idée de les envoyer dans le Canada, où les huguenots faisaient depuis longtemps le commerce. Pour tous il demande qu’on multiplie les maîtres et les maîtresses d’école, qui aideront à répandre la bonne parole. Il voudrait, avant tout, prévenir les ventes de meubles, les aliénations de biens et les expropriations inutiles. Point de violences, point de provocations. « Ce qu’il faut à ces égarés, ce sont des pasteurs sages et doux qui insinuent la doctrine et effacent insensiblement les préjugés. » Ainsi conclut-il dans sa lettre au marquis de Seignelay (juillet 1687), et tel il nous apparaît lui-même au milieu de « ces familles agitées, désunies, en mutuelle défiance», payant de sa personne, joignant aux conseils d’une polilique éclairée les pratiques de la charité chrétienne ; suspect aux dévots par sa bénignité même, mais, en dépit