Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/51

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de l’éducation des garçons jusqu’à un certain âge, des filles jusqu’à ce qu’elles se marient ou se fassent religieuses, de la conduite des domestiques, de leurs mœurs, de leur service, du détail de la dépense, des moyens de faire tout avec économie et honorablement. » Tel est le rôle auquel l’a destinée la nature et que lui prescrit la sagesse. D’ailleurs, en assignant ces limites à son action, Fénelon ne croit pas la borner ni la contraindre. Si les femmes s’y méprennent, c’est qu’elles ne connaissent pas l’étendue de leurs devoirs, non moins importants au public que ceux des hommes. Ne sont-ce pas elles qui, par le règlement des choses de la maison, ruinent ou soutiennent les établissements ? Et quelle autorité ne leur faut-il pas — autorité de bienveillance et de raison — pour conduire tous ceux qui ont part au gouvernement de tels intérêts ? Quel discernement pour connaître le génie de leurs enfants, découvrir leur humeur, prévenir les passions naissantes, inculquer à propos les bonnes maximes ? Dira-t-on que ces devoirs sont renfermés et tristes ? Fénelon n’admet nullement que la solidité en exclue la douceur. Il répand sur les occupations de la femme l’intérêt et la grâce. Il semble que son imagination, en traçant cet idéal de la vie domestique, ait été illuminée de quelques-uns des plus charmants souvenirs de l’Économique de Xénophon, — un de ses livres de choix, le seul ouvrage en prose que nous trouvions indiqué au programme des explications grecques du duc de Bourgogne. La femme telle qu’il la conçoit n’est pas seulement la femme forte de l’Évangile : comme l’épouse d’Ischomaque, elle est la reine de la ruche, l’âme du foyer.