Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/93

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ou des bigotes. » Fénelon n’aimait ni les unes ni les autres ; et si, après la réforme, Mme de Maintenon maintint à Saint-Cyr, même dans la dévotion, certains tempéraments de sagesse, il n’est que juste de lui en attribuer l’honneur, au moins en partie. Ajoutons enfin que la destinée qu’il prévoit dans ses conseils pour les filles de la duchesse de Beauvillier est celle-là même à laquelle Mme de Maintenon prépare ses élèves : ce sont les mêmes perspectives d’existence provinciale, les mêmes tableaux d’activité intérieure, le même sens des nécessités de la vie, avec plus de gravité de la part de Mme de Maintenon, et moins ce rayon de bonne grâce qui illumine et adoucit les plus grandes austérités de Fénelon. Qu’on rapproche certaines pages de l’Éducation des filles des Entretiens où Mme de Maintenon intervient de sa personne : il semble qu’elle ne fasse que développer à sa manière, si attachante aussi le plus souvent et toujours si judicieuse, des principes dont elle s’est depuis longtemps pénétrée. On croirait entendre Fénelon lui-même, si l’on ne savait qu’après avoir été, à l’origine, le conseil le plus recherché de Saint-Cyr, il s’en trouva de plus en plus écarté, malgré lui, bien avant que le coup de foudre de la condamnation de Mme Guyon eût pour toujours ruiné sa faveur.

D’où vint, après un si grand empressement, cet oubli délibéré ? Mme de Maintenon a certainement eu du goût pour Fénelon, sa personne et sa doctrine. Saint-Simon a merveilleusement décrit leurs premières entrevues et marqué le point où ils s’entendirent, alors que, pour Mme de Maintenon, la vie avait déjà tenu ses promesses, tandis que pour Fénelon elle n’avait fait