Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/107

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savent, néanmoins, supporter la douleur avec un courage héroïque, et que peut-être il faut attribuer en partie à leur athlétique constitution. L’histoire retentit des traits de leur intrépidité, au milieu des plus horribles supplices ; la cruauté des Blancs a multiplié les expériences à cet égard. Le regret de la vie pourroit-il exister, lorsque l’existence elle-même n’est qu’une calamité perpétuelle ? On a vu des esclaves, après plusieurs jours de tortures non interrompues, aux prises avec la mort, converser froidement entre eux, et même rire aux éclats[1].

Un Nègre, condamné au feu à la Martinique, et très-passionné pour le tabac, demande une cigare allumée, qu’on lui place dans la bouche : il fumoit encore, dit Labat, lorsque déjà ses membres étoient attaqués par le feu.

En 1750, les Nègres de la Jamaïque s’insurgent, ayant Tucky à leur tête ; leurs vainqueurs allument les bûchers, et tous les condamnés vont gaiement au supplice. L’un d’eux avoit vu de sang froid ses jambes ré-

  1. Labat, IV, p. 183.