Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/172

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les autres Nègres soumis à un chef, mais libres comme l’étoient les Français. Ce trait de diplomatie africaine m’a été communiqué par Broussonnet.

Voilà donc des peuples qui ont saisi les idées compliquées de constitution, de gouvernement, de traités et d’alliances ; s’ils n’ont pas approfondi davantage ces notions politiques, c’est qu’il falloit naître.

Dans l’empire de Bornou, la monarchie, dit le voyageur Lucas, est élective, ainsi que le gouvernement de Kachmi. Quand le chef est mort, on confie à trois anciens ou notables, le droit de choisir son successeur parmi les enfans du décédé, sans égard à la primogéniture. L’élu est conduit par les trois anciens devant le cadavre du défunt, dont on prononce l’éloge ou la condamnation, suivant qu’il l’a mérité, et l’on annonce au successeur qu’il sera heureux ou malheureux, selon le bien ou le mal qu’il fera au peuple. Des usages semblables existent chez les peuples voisins[1].

Ici se place naturellement l’anecdote sui-

  1. V. Lucas, t. I, p. 190 et suiv.