Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/173

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vante. Le commandant d’un fort portugais, qui attendoit l’envoyé d’un roi africain, ordonne les préparatifs les plus somptueux, pour lui en imposer par le prestige de l’opulence. L’envoyé arrive ; il est introduit dans un salon magnifiquement décoré ; le commandant est assis sous un dais, on n’offre pas même un siège à l’ambassadeur nègre ; il fait un signe, à l’instant deux esclaves de sa suite se placent à genoux, et les mains à terre sur le parquet ; il s’assied sur leur dos. Ton roi, lui dit le commandant, est-il aussi puissant que celui du Portugal ? Mon roi, répond le Nègre, a cent serviteurs qui valent le roi de Portugal, mille comme toi, un comme moi… et il part[1].

Sans doute la civilisation est presque nulle dans plusieurs de ces États nègres, où l’on ne parle au roitelet qu’à travers une sarba-

  1. Anecdote racontée par Bernardin-Saint-Pierre. L’auteur des Anecdotes africaines rapporte la même chose de Zingha ; il ajoute que quand elle se leva, l’esclave étant restée dans la même posture, on le lui fit observer ; elle répondit : La sœur d’un roi ne s’assied jamais deux fois sur le même siège ; il reste à la maison dans laquelle elle l’a occupé.