Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/178

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’étranger a souvent agité parmi nous les tisons de la discorde ; c’est un fait qui n’est pas problématique. En 1807, un écrivain anglais maudissoit encore la perversité rafinée, par laquelle les gouvernemens européens ont, dit-il, vicié et infernalisé l’esprit de cette révolution française, dont le but étoit louable, mais qu’ils ont envisagée comme Satan envisageoit le paradis[1]. Qui peut douter que des mains étrangères n’en ayent fait autant à Saint-Domingue ? Six mille Nègres et Mulâtres se joignirent autrefois aux Caraïbes, concentrés dans les îles de Saint-Vincent et la Dominique. Ces Caraïbes noirs, sont robustes et fiers de leur indépendance[2] ; toutes les données acquises sur leur compte par des hommes qui les ont fréquentés, portent à croire que leur état social se perfectionneroit rapidement, s’ils ne redoutoient avec raison la rapacité de l’Europe, et s’ils pouvoient goûter en paix

  1. V. Le Critical Review, avril 1807, p. 369.
  2. V. De l’influence de la découverte de l’Amérique sur le bonheur du genre humain, par Le Gentil, in-8o, Paris 1788, p. 74 et suiv.