Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/277

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déclaration de son maître, du gouverneur, du lieutenant-gouverneur, et de quinze autres personnes respectables de Boston, qui la connoissoient.

Son maître l’affranchit en 1775. Deux ans plus tard, elle épousa un homme de sa couleur, qui étoit aussi un phénomène par la supériorité de son entendement sur celui de beaucoup de Nègres ; aussi ne fut-on pas étonné de voir son mari, marchand épicier, devenir avocat sous le nom du docteur Peter, et plaider devant les tribunaux les causes des Noirs. La réputation dont il jouissoit le conduisit à la fortune.

La sensible Phillis, qui avoit été élevée, suivant l’expression triviale, en enfant gaté, n’entendoit rien à gouverner un ménage, et son mari vouloit qu’elle s’en occupât ; il commença par des reproches, auxquels succédèrent de mauvais traitemens, dont la continuité affligea tellement son épouse, qu’elle périt de chagrin en 1787. Peter, dont elle avoit eu un enfant, mort très-jeune, ne lui survécut que trois ans[1].

  1. Lettre de M. Giraud, consul de France à