Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/292

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couleur. Français, Anglais, Hollandais, que seriez-vous, si vous aviez été placés dans les mêmes circonstances ? Je maintiens que parmi les erreurs les plus stupides, et les crimes les plus hideux, il n’en est pas un que vous ayez droit de leur reprocher.

Long-temps en Europe, sous des formes variées, les Blancs ont fait la traite des Blancs ; peut-on caractériser autrement la presse en Angleterre, la conduite des vendeurs d’ames en Hollande, celle des princes allemands qui vendoient leurs régimens pour les colonies ? Mais si jamais les Nègres, brisant leurs fers, venoient (ce qu’à Dieu ne plaise), sur les côtes européennes, arracher des Blancs des deux sexes à leurs familles, les enchaîner, les conduire en Afrique, les marquer d’un fer rouge ; si ces Blancs volés, vendus, achetés par le crime, placés sous la surveillance de géreurs impitoyables, étoient sans relâche forcés, à coups de fouet, au travail, sous un climat funeste à leur santé, où ils n’auroient d’autre consolation à la fin de chaque jour que d’avoir fait un pas de plus vers le tombeau, d’autre perspective que de souffrir et de mourir dans les angoisses