Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

du désespoir ; si, voués à la misère, à l’ignominie, ils étoient exclus de tous les avantages de la société ; s’ils étoient déclarés légalement incapables de toute action juridique, et si leur témoignage n’étoit pas même admis contre la classe noire ; si, comme les esclaves de Batavia, ces Blancs, esclaves à leur tour, n’avoient pas la permission de porter des chaussures ; si, repoussés même des trottoirs, ils étoient réduits à se confondre avec les animaux au milieu des rues ; si l’on s’abonnoit pour les fouetter en masse, et pour enduire de poivre et de sel leurs dos ensanglantés, afin de prévenir la gangrène ; si en les tuant on en étoit quitte pour une somme modique, comme aux Barbades et à Surinam ; si l’on mettoit à prix la tête de ceux qui se seroient, par la fuite, soustraits à l’esclavage ; si contre les fuyards on dirigeoit des meutes de chiens formés tout exprès au carnage ; si blasphémant la divinité, les Noirs prétendoient, par l’organe de leurs Marabouts, faire intervenir le ciel pour prêcher aux Blancs l’obéissance passive et la résignation ; si des pamphlétaires cupides et gagés discréditoient la liberté, en disant qu’elle