Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/56

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civilisation et les arts sont encore au berceau. Si c’est parce que les habitans sont Nègres, expliquez-nous pourquoi des hommes blancs ou cuivrés des autres contrées sont restés sauvages, et même anthropophages ? Pourquoi, avant l’arrivée des Européens, les hordes errantes et vivant de chasse de l’Amérique septentrionale, n’avoient pas même passé au rang des peuples pasteurs ? Cependant on ne conteste pas leur aptitude, ce qu’on ne manqueroit pas de faire, si jamais on vouloit établir la traite chez eux : tenez pour certain que la cupidité trouveroit des prétextes pour justifier leur esclavage.

Les arts sont fils des besoins naturels ou factices. Ceux-ci sont à peu près inconnus en Afrique ; et quant aux besoins de se nourrir, se vêtir, s’abriter, ces derniers sont presque nuls, à raison de la chaleur du climat ; le premier, très-restreint, est d’ailleurs facile à satisfaire, parce que la nature y prodigue ses richesses ; les relations récentes ont grandement modifié l’opinion qui, aux contrées africaines, n’attachoit guères que l’idée de déserts infertiles. James Field Stantield, dans son beau poëme intitulé : La Guinée, n’a été,