Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/59

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l’emblème de quiconque professe l’abnégation de tout principe religieux. La croyance d’un Dieu, rémunérateur et vengeur, peut seule garantir la probité d’un homme qui, soustrait aux regards de ses semblables et n’ayant pas à redouter la vindicte publique, pourroit impunément voler ou commettre tout autre crime. Ces réflexions amènent la solution du problème tant de fois discuté : Quel est le pis de la superstition ou de l’athéisme ? Quoique chez bien des gens la passion étouffe le sentiment du juste et de l’honnête, en thèse générale peut-on balancer sur le choix entre celui à qui, pour être vertueux, il suffit de se conformer à sa croyance, et celui qui a besoin, pour n’être pas fripon d’être inconséquent à son système.

Barrow attribue la barbarie actuelle de quelques contrées d’Afrique, au commerce des esclaves. Pour s’en procurer, les Européens y ont fait naître, et ils y perpétuent l’état de guerre habituelle ; ils ont empoisonné ces régions par leurs liqueurs fortes, par l’accumulation de tous les genres de débauche, de séduction, de rapacité, de cruauté. Est-il un seul vice dont ils ne re-