Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/72

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gré les décrets rendus, et ces mots de la proclamation du Chef de l’État, aux Nègres de Saint-Domingue : « Vous êtes tous égaux et libres devant Dieu et devant la République ».

Ces pamphlétaires parlent sans cesse des malheureux colons, et jamais des malheureux Noirs. Les planteurs répètent que le sol des colonies a été arrosé de leurs sueurs, et jamais un mot sur les sueurs des esclaves. Les colons peignent avec raison comme des monstres les Nègres de Saint-Domingue, qui usant de coupables représailles, ont égorgé des Blancs, et jamais ils ne disent que les Blancs ont provoqué ces vengeances, en noyant des Nègres, en les faisant dévorer par des chiens. L’érudition des colons est riche de citations en faveur de la servitude ; personne mieux qu’eux ne connoît la tactique du despotisme. Ils ont lu dans Vinnius, que l’air rend esclave ; dans Fermin, que l’esclavage n’est pas contraire à la loi natu-

    France, comme moyens de prospérité pour les colonies, de punition pour les coupables, etc., in-8o, Paris 1797.