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Page:Grégoire - Lettre aux philantropes sur les malheurs, les droits et les réclamations des gens de couleur de Saint Domingue et des autres îles françoises de l'Amérique.djvu/17

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majeures. N’est-il donc pas évident que , si l’orgueil vouloir abjurer ses prétentions , la classe des citoyens , devenue plus nombreuse , rendroit celle des esclaves moins formidable t Les sang-mêlés et les blancs , étant rapprochés par les mêmes intérêts, les mêmes avantages, la masse de leurs forces combinées assureroit plus efficacement la tranquillité des colonies. Tenez pour certain que , tôt ou

  • ard , l’énergie comprimée des mulâtres se relèvera avec

une violence irrésistible. Ce repos contraint des opprimés , ne peut avoir d’autres bornes que le temps de leur faiblesse : apathie dangereuse î silence effrayant du malheur l oui ne se rompt ordinairement que par un élan tumultueux vers la liberté l

A ce qu’on vient de lire , voyons ce qu’opposent nos antagonistes.

i°. L’assemblée nationale, disent-ils, ne connoît pas l’état des colonies. En concluent-ils qu’il faille les en croire aveuglément ? Les sang-mêlés , partant du même point , infèrent le contraire. S’agit-il des principes ? Il seroit absurde de prétendre qu’il faut avoir habité une contrée , pour saisir des vérités indépendantes des temps et des lieux. S’ao-it-il de faits ? Pourquoi les planteurs blancs auroient-ils le privilège exclusif de nous les manifester ? Ils pérorent à merveille , pour dévoiler l’oppression ministérielle qui pesoit sur eux ; mais vous ont-ils jamais dit un mot des vexations odieuses qu’ils exercent contre les mulâtres t des atrocités exercées contre les défenseurs des mulâtres ? Les lâches assassins de M. Ferrand de Baudières sont responsables de ce crime à la nation , à l ’univers , à l’Eierocl. Pour combler la mesure 9 il ne s’agit plus que de bâtir