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DE SAINT BENOIST.

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deſlors à la plus ſublime perſection. C’eſt, dit S. Gregoire, ce qui obligea ce ſaint enſant de quitter ſes études, pour éviter la corruption du monde & les mauvais exemples de ſes compagnons. C’eſt ce qui l’obligea à mépriſer les ſciences humaines, & que par une lumiere plus pure que celle de la nature, il préſera une ignorance innocente à toute la ſageſſe de la terre. Mais il ne ſaut pas croire pour cela qu’il n’eut ſait de tres-grands progrés dans ſes études. Car ſes écrits & toute ſa conduite ſont bien voir que ſon érudition ſurpaſſoit inſiniment la tendresse de ſon âge.

Il n’y a perſonne qui ne reconnoiſſe que ce ſut une grace ſpeciale & une grace ſurnaturelle, qui lui perſuada & qui le ſit reſoudre à l’âge de quatorze ans de preſerer la pureté de ſon cœur aux lumieres de ſon eſprit, & les vertus ſolides de la Religion à toutes les vaines curioſitez du monde. Le Saint Eſprit lui découvrit & lui ſit craindre les précipices, où il voyoit courir ſes condisciples ; & pour les éviter, il s’adreſſa à la Mère de Dieu ; ne laiſſant paſſer aucun jour ſans lui rendre ſes devoirs avec une devotion tendre & une admirable ſerveur. Il rendoit ſes reſpects à cette Mère de pureté devant une image ſort devote, qui la repreſente tenant ſon divin Fils ; & il la ſupplioit avec beaucoup de larmes de conſerver ſon cœur tout pur & ſon corps chaſte, puiſqu’il l’avoit tout conſacré à l’amour & au ſervice de ſon Dieu. C’est par lezele & par les ſoins de l’Abbé Cajetan qu’on voit encore à Rome ce precieux monument de la devotion de cet admirable enſant. Car cette image eſt conſervée dans le Collège des Bénédictins, baſti ſur les ruines du Palais de Sextius Anicius. Il y a une Bulle du Pape Gregoire XV. en ſavent de ce Collège.

A peine avoit-il mis le pied dans le monde. On doit admirer ici la ſainte jalouſie de Dieu pour la pureté du cœur de S. Benoiſt, & la parſaite ſidelité de cet enſant à éviter tout ce qui en pouvoit ternir l’innocence. Il n’avoit encore que quatorze ans, qu’il avoit paſſez avec une sainteté, qui approchoit de celle des Anges, & la crainte qu’il a de prendre quelque part à la corruption du monde, le Bij