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ROMAN D’UN PÈRE.

mieux !… Je me trouvai si monstrueusement égoïste que je n’osai achever ma pensée.


XVI


Le jour fatal arriva : le mariage à la mairie avait été célébré la veille, et j’avais mal caché ma joie jalouse en ramenant pour un jour encore à la maison paternelle ma fille mariée.

Cette nuit-là j’avais plus souffert que de coutume, et elle était venue sur la pointe du pied, comme elle le faisait souvent, écouter mon souffle inégal ; cette nuit-là encore j’avais eu la force de dissimuler ma souffrance, et j’avais caché mon visage brûlant dans l’oreiller pour étouffer le cri de l’angoisse. Puis elle avait disparu, légère, toute blanche, dans sa robe de nuit, et le frôlement du rideau m’avait laissé comme un adieu de sa main délicate. Le matin était venu, on m’avait amené ma fille vêtue de blanc, si semblable à sa mère jadis, que j’en avais eu un éblouissement. Je ne sais plus ce qui