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SUZANNE NORMIS.

château, toujours suivis par le domestique chargé des livres d’heures.

Mon gendre était resté en arrière et causait avec les paysans.

— Est-ce ainsi tous les dimanches ? demandai-je tout bas à Suzanne, qui passa son bras sous le mien avec sa câlinerie de jeune fille.

— Oui, répondit-elle. M. de Lincy tient à ce que nous assistions à l’office pour donner le bon exemple.

La drôlerie d’instinct, qui ne pouvait la quitter longtemps, glissa un éclair de malice dans ses yeux, et elle rit un peu.

— Cela t’amuse ? lui dis-je, heureux de la voir gaie.

— Oui et non, dit-elle. Par exemple, le sermon m’endort infailliblement, et M. de Lincy n’aime pas ça…

— Tant pis pour lui, m’écriai-je. Il m’ennuie, à la fin ! Que le diable…

Suzanne me pressa doucement le bras :

— Père, dit-elle, c’est mon mari.

Sa voix avait pris un timbre grave, son jeune visage s’était revêtu tout à coup d’une noblesse bien au-dessus de ses années. Je la regardai surpris et je me tus.