Aller au contenu

Page:Gréville - Suzanne Normis, roman d'un père, 1877.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
138
SUZANNE NORMIS.

un mois, dites, cousin, pour ne pas dire plus ?

— Eh bien, oui ! m’écriai-je, je resterai avec vous, cousine, et j’y serai mieux que là-bas !

Je lui racontai alors le mariage de Suzanne et ma visite au château de Lincy, et l’aversion que m’inspirait mon gendre, et tout ce qui s’ensuivait ; il me semblait causer avec une vieille amie ; Lisbeth m’écoutait de toute son âme, hochant la tête aux endroits pathétiques… Jamais, sauf chez ma fille, je n’avais trouvé tant de sympathie.

— La pauvre petite ! soupira Lisbeth, si son mari n’est pas bon, elle sera bien à plaindre… Mais chez vous autres gens riches, quand on ne s’aime pas, c’est moins terrible que chez nous, parce que chacun peut vivre à son idée ; si elle s’ennuie, cette petite, elle viendra vous voir souvent ; son mari sera occupé de son côté. Qu’est-ce qu’il fait, votre gendre ?

— Hélas ! cousine, il ne fait rien !

Elle soupira une fois de plus.

— Eh bien ! reprit-elle, il y a les enfants. C’est si bon les enfants, on n’a pas le temps de penser à autre chose, allez ! C’est bien triste ici, depuis que je n’en ai plus !