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SUZANNE NORMIS.

des douleurs atroces de temps en temps, par exemple ! Je vous en préviens !

— Très-vieux ? répétai-je d’un air préoccupé.

— Mais oui ! cela a l’air de vous contrarier ?

— Pas précisément, mais si j’avais su… c’est moi qui n’aurais pas marié Suzanne !

— Vous pourrez au moins la protéger.

— La protéger ? de quelle façon, s’il vous plaît ? Est-ce qu’une femme mariée n’est pas absolument l’esclave de son mari ?

— Pas absolument, fit le docteur sur le ton de la conciliation ; il y a la séparation de corps…

— Cela vaut mieux que rien… et encore, je ne sais pas… le scandale, les bruits méchants autour d’une jeune femme… Suzanne n’a que dix-huit ans…

— Allons, allons, tout n’est peut-être pas désespéré ; on a vu des ménages qui avaient mal commencé devenir très-heureux…

— Si M. de Lincy rend jamais quelqu’un très-heureux, je serai bien étonné. Enfin, vous avez raison, docteur, en cas de nécessité, il y aurait la séparation. Mais tout cela, est bien lugubre. Ah ! si vous m’aviez dit l’an dernier que j’aurais des rhumatismes !…

— Eh ! mon ami, pouvais-je le deviner ? fit