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ROMAN D’UN PÈRE.

XXVII


Le lendemain, vers dix heures du matin, Pierre vint m’annoncer que mon gendre m’attendait dans mon cabinet. J’appelai mentalement à mon secours l’image de la mère de Suzanne, et j’abordai M. de Lincy.

Personne n’eût pensé que, de nous deux, c’est lui qui était le coupable et moi le juge, car je sentais mes traits et ma voix profondément altéré par l’émotion, tandis qu’il paraissait parfaitement à son aise. Ses vêtements, d’une coupe élégante, lui seyaient à merveille ; mais son visage fatigué, ses yeux ternes témoignaient contre lui.

Il n’essaya pas de me tendre la main et se contenta de s’incliner. C’était du reste ce qu’il avait de mieux à faire. Je lui indiquai un siége et je m’assis.

— Vous m’avez demandé un entretien ? dit-il avec aisance.

Je fis un signe de tête affirmatif. Son impu-