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SUZANNE NORMIS.

dence me révoltait au point d’arrêter ma voix dans mon gosier contracté.

— Je suis à vos ordres, continua-t-il avec une déférence du meilleur goût.

J’avais recouvré la parole, je me hâtai d’en profiter.

— Je vous ai trompé, monsieur, lui dis-je, mais c’était bien sans le vouloir.

Le visage de mon gendre exprima une anxiété de bon ton.

— Lorsque vous avez épousé ma fille, continuai-je, tout le monde me croyait bien malade, et, moi-même, je n’ai consenti à me séparer de Suzanne que dans la prévision d’une fin prochaine.

M. de Lincy fit un geste aimable qui semblait dire : Ne parlez donc pas de ces vilaines choses-là ! Mais je n’étais pas d’humeur à me laisser émouvoir.

— Suzanne se trouvait donc alors non-seulement convenablement dotée, mais encore elle vous apportait, dans un avenir prochain, ce qu’on est convenu d’appeler de très-belles espérances…

M. de Lincy m’écoutait avec une attention si soutenue qu’il oublia de conjurer poliment au passage ce mot de mauvais goût.