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SUZANNE NORMIS.

bistrés, agrandis par le crayon noir, les joues fardées, — mais toujours belle. Elle rencontra mon regard en retirant sa tête de la portière, et je ne sais si elle me reconnut. Je restai planté là, de manière à ce que mon gendre ne pût faire autrement que de me voir.

Il sortit bientôt et se dirigea rapidement vers le coupé.

— Le dîner est commandé, dit-il, faisons un tour ; dans un quart d’heure nous serons servis.

Je m’avançai alors, et le regardant bien en face :

— Je vous fais compliment, lui dis-je d’un ton aussi froid que possible.

— Eh ! mais, dit-il, il y a de quoi, je vous remercie. Mais pas sous le toit conjugal ! continua-t-il avec une politesse dérisoire. Oh ! non, pas cela !

Il me salua, monta en voiture, referma la portière avec bruit, et le coupé partit dans la direction de la Madeleine. Moi, dévoré par la rage impuissante, je m’assis sur un banc du boulevard, et je me demandai s’il faudrait arriver à lui brûler la cervelle pour délivrer Suzanne de ce monstre.