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ROMAN D’UN PÈRE.

— Je vous la laisse, dis-je à celui-ci ; gardez-la jusqu’à mon retour, et ne laissez pénétrer personne auprès d’elle.

— Soyez tranquille, répondit notre vieil ami, d’autant mieux que j’ai à causer avec elle.

Je sortis, et je courus chez mon notaire. Quand celui-ci apprit ma résolution de ne pas laisser Suzanne plus longtemps aux mains de son mari, il devint très-soucieux :

— C’est grave, dit-il, très-grave, ce que vous projetez là ! Songez que le mari est toujours en possession du droit de retenir sa femme au domicile conjugal, en se faisant prêter main-forte, en cas de besoin !

— Qu’il y vienne ! murmurai-je entre mes dents.

— Je vous ferai observer, continua-t-il, que je vous parle en ami ; que ferez-vous si votre gendre découvre votre retraite et vous fait sommer de lui rendre sa femme ?

— Je n’en sais rien, répondis-je en essayant de me calmer. Si cette occasion se présente, je trouverai sans doute un dénoûment à la situation ; mais en ce moment, après ce qui s’est passé, je ne peux y penser de sang-froid.

— Ne vaudrait-il pas mieux demander une