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SUZANNE NORMIS.

séparation, et obtenir que votre fille, en attendant, vînt demeurer chez vous ?

— Peut-elle y rester dès à présent ? tout de suite ?

— Tout de suite, non, peut-être, mais demain.

— Demain ? Pour qu’elle passe encore vingt-quatre heures seule avec cet infâme ? Mais songez donc qu’il m’a dit, à moi, son père, qu’il la battrait quand il serait sûr de n’être pas vu !

Le notaire enfonça son menton dans sa cravate et réfléchi. J’étais lancé, je continuai :

— Et cette séparation, êtes-vous sûr que je l’obtiendrai ? Pouvez-vous me garantir que la loi me rendrait ma fille ? À ma place, que feriez-vous ?

— Je ne suis sûr de rien, répondit le notaire ; je ne sais rien ; je vous parle comme peut et doit parler un homme calme qui juge les choses de loin ; mais si j’étais à votre place, j’ignore absolument ce que je ferais.

— C’est tout ce que je voulais savoir, répondis-je. À présent, parlons de choses pratiques. Pouvez-vous me donner de l’argent ?

Tout s’arrangea sans difficulté : mon notaire promit de m’envoyer mes revenus à l’endroit