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ROMAN D’UN PÈRE.

— Je suis de Vaugirard, répondit piteusement le pauvre Pierre.

— Ça ne fait rien, vous direz que vous retournez dans votre pays, à Rouen. Vous prendrez le train à la gare Saint-Lazare. Arrivé à la première bifurcation, vous vous dirigerez sur Orléans, — sans bagages, — et de là vous viendrez nous rejoindre. Dans un mois, je serai à Florence.

— Ah ! monsieur, s’écria Pierre en me sautant au cou, moi qui pensais que vous vouliez m’abandonner !

Je répondis de bon cœur à son étreinte, et, chose étrange, ce plan, mûri en voiture, m’avait si bien rendu ma liberté d’esprit, que je souris de son accès d’expansion.

Je lui remis de l’argent pour ses dépenses personnelles, je lui dis sous quel nom il me retrouverait à Florence, je lui défendis de m’écrire, je lui indiquai un faux nom pour lui-même, et, toutes ces précautions prises, je le congédiai en le priant de m’envoyer Félicie. Avec celle-ci, ce fut bien autre chose. Quand elle apprit que je quittais Paris avec sa jeune maîtresse, elle m’accabla d’un torrent de reproches qui ne me permirent pas de prononcer une